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Constellation

      du PETIT LION

Le Petit Lion (Leo Minor) est une constellation de petite taille de l'hémisphère nord qui, comme la plupart des autres constellations modernes, ne comporte que peu d’étoiles lumineuses.

 

Elle se situe entre deux constellations faciles à reconnaître : la Grande Ourse (au Nord) et le Lion (au Sud). Elle a été dessinée par Johannes Hevelius en 1687.

 

Seules six de ses étoiles dépassent la magnitude apparente 5 (37 étoiles sont plus brillantes que la magnitude apparente 6,5 et trois seulement sont plus brillantes que la magnitude 4,5).

Constellation du Petit Lion dans le Johannis Hevelii prodromus astronomiae (également connu sous le nom d'Uranographia) par Johannes Hevelius. 1690.

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Photographie de la constellation par Akira Fujii (@David malin)

Superposition UAI Jean-Brice Gayet

Dès l’antiquité, Aratos de Sole et Ptolémée notaient que la région du ciel qui correspond au Petit lion n'était pas définie et ne contenait aucun astérisme distinct, Ptolémée décrivant les étoiles de cette zone comme amorphōtoi (n'appartenant pas à un contour de constellation). Il les inclut alors dans la constellation du Lion. 

Ce n'est que bien plus tard, en 1687, que Johannes Hevelius décrivit Leo minor dans le Firmamentum Sobiescianum. Dans une démarche consistant à remplir les "trous dans le ciel" par la création de (dix) nouvelles constellations, il définit le Petit Lion en joigant une liste de 18 étoiles au Catalogus Stellarum Fixarum qui accompagnait l’atlas. Hevelius fit ce choix d'un petit lion (ou Leo junior) dans la continuité des constellations animalières proches, le Lion et la Grande Ourse.

Lors de sa révision du catalogue des constellations de Hevelius en 1845, l'astronome anglais Francis Baily attribua une lettre grecque aux étoiles de magnitude apparente supérieure à 4,5 selon la désignation de Bayer, mais, pour des raisons encore incertaines, il n’attribua pas la désignation Alpha. Ajoutant de la confusion autour d’α LMi, RH Allen avance dans son livre Star Names, their Lore and Signification qu’Hevelius appela Praecipua l'étoile la plus brillante du Petit Lion, signifiant "principal", nom qui fut selon lui repris par l'astronome italien Giuseppe Piazzi dans son Catalogue de Palerme de 1814, mais la lecture du Catalogus d’Hevelius ne retrouve pas de mention de Praecipua alors que le nom apparait bel et bien dans le catalogue de Piazzi. Allen déclare par ailleurs que l'étoile nommée Praecipua par Piazzi était 46 LMi, mais selon l'historien américain Morton Wagman, l'étoile nommée Praecipua par Piazzi était en réalité 37 LMi, qu'il évaluait à tort comme plus brillante que 46 LMi. Quoiqu'il en soit, aujourd'hui, le nom Praecipua est officiellement donné à 46 LMi, qui est bien l'étoile la plus brillante de la constellation. 

Pour mémoire, on peut tout d'abord préciser qu’en 1870, Richard A. Proctor proposa de renommer le Petit Lion en Leaena ("la Lionne") dans une démarche en vogue à l'époque qui consistait à simplifier les noms des constellations pour les cartes célestes (Piscis Volans fut  notamment renommée en Volans). Sinon, l'astronome allemand Christian Ludwig Ideler postula que les étoiles du Petit lion avaient été appelées Al Thibā 'wa-Aulāduhā "la Gazelle avec son jeune" sur un globe céleste arabe du XIIIe siècle récupéré par le cardinal Stefano Borgia et conservé dans le musée du prélat à Velletri, mais Friedrich Wilhelm Lach, un spécialiste du monde Arabe, donne une version  différente, expliquant que la constellation avaient été appelée Al Haud, "l'étang", dans lequel la Gazelle saute.  

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Leo Minor dans le Sky Atlas 2000.0 de Tirion

Johannes Hevelius (1611 - 1687)

Issu d’une famille de négociants, Hevelius (aussi écrit Hévélius) était un riche brasseur de Dantzig (l’actuelle Gdańsk) en Pologne. Durant ses études, il fait preuve d’un goût prononcé pour les mathématiques et son professeur Piotr Kruger, mathématicien astronome et constructeur d’instruments, l’incite à étudier l’astronomie, ce qu’il fera tout en continuant à parfaire ses compétences en dessin et en mécanique. 

Après quatre années de voyage en 1630, il revint à Dantzig, qui possédait le statut particulier de ville franche au sein du royaume polonais et y occupa la fonction d’échevin entre 1641 et 1651, puis sera élevé au grade de sénateur, place qu’il occupera jusqu’à sa mort.

Dans les années 1640, il entreprit d'élargir et d'améliorer le catalogue d'étoiles de l'astronome danois Tycho Brahe et construit une observatoire sous la forme d’une plate-forme sur le toit de sa maison avec des instruments à l'œil nu tels qu'un quadrant et un sextant, assisté à partir de 1663 par sa seconde épouse, Elizabeth (1646/7 - 1693).  

En 1641, il construit son premier observatoire dans lequel il installe des quarts de cercle en métal de trois et quatre pieds et un sextant, puis une lunette sans tube fermé, d’une longueur focale de vingt sept mètres. 

 

En 1679, un incendie détruisit une grande partie du bâtiment (cf infra) mais son précieux catalogue fut conservé. Celui-ci, avec son atlas des étoiles, était en cours d'impression lorsque Hevelius mourut en 1687. Elizabeth a supervisé sa publication finale en 1690. Le travail principal de Hevelius se composait de trois parties: une introduction appelée Prodromus Astronomiae, qui comprenait notamment la description des nouvelles constellations qu'il avait inventées, un catalogue de 1 564 étoiles appelé Catalogus Stellarum Fixarum et un atlas des étoiles, le Firmamentum Sobiescianum. Sept des constellations introduites par Hevelius sont toujours reconnues. Parmi celles-ci, on peut notamment retenir le Scutum; publiée en 1684 pour honorer le roi de Pologne qui avait aidé Hevelius à reconstruire son observatoire après l'incendie destructeur. Les autres constellations (tel qu'elles apparaissent sur le catalogue imprimé) datent de 1687, même si elles n'ont été publiées qu'en 1690. Les trois constellations abandonnées figurant initialement sur ses cartes sont Cerberus, Mons Maenalus et Triangulum Minus. 

Hevelius
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L'incendie qui ravagea une partie de Dantzig en septembre 1679 détruisit son observatoire, son imprimerie, son atelier de gravure ainsi que sa maison. Tout son matériel d’observation et de nombreux documents jamais publiés partirent en fumée. Le coût de ce sinistre sera évalué à trente mille écus (plus de 3 millions trois cent mille euros actuels). Il s’agissait d’instruments lourds et volumineux, nécessitant un entretien régulier et la présence de main d’œuvre, qu’Hevelius avait conçus et réalisés lui même, y compris les lunettes dont il savait tailler les lentilles en verre. Hevelius reconstruira un autre observatoire, sans pouvoir toutefois le doter d’instruments aussi performants. 

Il mourut un 28 janvier à soixante-seize ans, le jour de son anniversaire. 

constellation Leo Fortin

Constellations du Petit Lion et du Lynx. Carte des étoiles de 1776.  Atlas Céleste de Flamsteed de Fortin

Concernant la région du ciel du Petit Lion, on retrouve aussi plusieurs sources de confusion dans l'astronomie chinoise.... Il semble que les astronomes chinois ont décrit à l'origine une constellation appelée Neiping, constituée des étoiles Beta, 30, 37 et 46 Leonis Minoris, que l'on peut traduire par la "Cour du Juge” ou “du Médiateur", mais plus tard, cette zone du ciel sera appelée Shi, faisant référence à "un Eunuque de la Cour" avec un astérisme complètement différent, tandis que l’astérisme de Neiping sera translaté plus à l’Ouest. A ces deux astérismes s’ajoutait une ligne de quatre étoiles s'étendant vers le Sud dans le Lion, appelée Shaowei, qui représentait quatre Conseillers Impériaux. Mais les sources diffèrent quant à savoir si Shaowei incluait une, deux ou trois étoiles du Petit Lion, et lesquelles elles étaient. Pis, les astronomes chinois ajoutèrent eux-mêmes un élément de confusion lorsqu'ils utilisèrent plus tard les mêmes étoiles pour former l’astérisme de Changyuan, le “Mur frontalier”, le nom Shaowei étant redonné à quatre autres étoiles à proximité sans que leur identité soit certaine. 

Photographie de la constellation par Akira Fujii (@David malin)

Traitement UAI Jean-Brice Gayet

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Les constellations Leo Minor et du Lynx. Planche V, A Celestial Atlas comprenant une série de trente cartes illustrées par une description scientifique de leur contenu et accompagnées de catalogues d'étoiles et d'exercices astronomiques. Alexander Jamieson. 1822

Les étoiles du Petit Lion

Praecipua

46 Leonis Minoris (abrégée 46 LMi), est l'étoile la plus brillante de la constellation du Petit Lion. De classe spectrale K0 + III-IV et de magnitude 3,83, c'est un géante variable suspectée (avec une amplitude d'environ 0,05 magnitudes).

Son nom propre officiel Praecipua dérive du latin et signifie « La principale (des étoiles du Petit Lion) ». C'est une géante orange de classe spectrale K0III située à 95 années-lumière (29 parsecs) d’une intensité lumineuse 32 fois supérieure à celle du Soleil, et de 8,5 fois sa taille.

 

Comme déjà évoqué ci-dessus, elle a été cataloguée et dénommée par erreur o Leonis Minoris par Johann Elert Bode, et une autre source de confusion est l’attribution initiale de son nom propre à 37 Leonis Minoris (37 LMi) dans le Catalogue de Palerme de 1814 par Giuseppe Piazzi, qui a faussement évalué 37 LMi comme plus brillante. L'attribution de son nom fut corrigée ultérieurement par Allen. La "Praecipua" originale, 37 Leonis Minoris, est une supergéante jaune lointaine de type spectral G2.5IIa et une magnitude absolue de -1,84, et de magnitude apparente de 4,69, située à environ de 578 années-lumière (177 parsecs) de distance.

Dans l'astronomie chinoise traditionnelle, elle est connue comme 勢 四, « la Quatrième (étoile) de l'Eunuque ».

 

 

Beta Leonis Minoris

 

β Leonis Minoris (β LMi) est une étoile binaire de magnitude visuelle apparente globale d'environ 4,2. Comme nous l'avons évoqué ci-dessus, il s'agit de la seule étoile du Petit Lion avec une désignation Bayer alors que ce n'est que la deuxième étoile la plus brillante de la constellation (la plus brillante étant 46 Leonis Minoris, qui elle ne porte pas de désignation Bayer, cf. supra).

La période orbitale du système est de près de 39 ans et son excentricité est élevée (à 0,683). Le demi-grand axe de l'orbite est de 0,36″. Le composant primaire est une géante rouge de classe spectrale G8 (classe G tardive) d'une magnitude apparente de 4,4 qui fusionne de l'hélium dans son cœur et se trouve à l'extrémité froide de la branche horizontale. Elle a environ le double de la masse, 7,8 fois le rayon et 36 fois la luminosité du Soleil. Séparée de 0,1 à 0,6 seconde d'arc du primaire, le secondaire est une sous-géante jaune-blanc de type spectral F8 qui commence à sortir de la séquence principale, plus chaude que le soleil. Les deux orbitent autour d'un centre de gravité commun tous les 38,62 ans, et se trouvent à 154 années-lumière (47 parsecs) de distance.

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Le Petit Lion et le Lynx, vus par l'astronome allemand Johann Elert Bode (1747-1826) en 1801. Sur 20 grandes gravures sur cuivre Bode a inclus plus de 17 000 étoiles, bien plus que n'importe quel atlas précédent. Il y a représenté plus de 100 constellations, contre 88 officiellement reconnues aujourd'hui. Certains qui sont apparus dans cet atlas pour la première fois, mais qui ne sont pas officiellement reconnus aujourd'hui, comprennent le chat, la presse à imprimer, le ballon Montgolfier et le générateur électrique (constellations alors récemment inventées par Hevelius et Lacaille). Bode avait également inclus 2 500 « nébuleuses », cataloguées par William Herschel.

21 Leonis minoris

À environ 92,1 années-lumière (soit 28,2 parsecs selon Hipparcos) et environ 10 fois plus lumineuse que le Soleil, 21 Leonis Minoris est une étoile blanche de la séquence principale à rotation rapide, tournant sur son axe en moins de 12 heures et très probablement de forme aplatie. De magnitude apparente moyenne 4,5 (sa magnitude apparente varie de 4,47 à 4,52) et de type spectral A7V, il s'agit d'une variable Delta Scuti (cad une étoile pulsante de courte période (six heures au plus), étoiles qui ont été utilisées comme chandelles standard et comme sujets d'étude pour l'astérosismologie). Sa vitesse de rotation projetée estimée à 155 km/s. C'est un membre du superamas de Sirius.  

21 Leonis Minoris présente un excès d’infrarouge, suggérant la présence d’un disque de débris autour d’elle, l'ajustement du corps noir donnant une température de 60 K et un rayon orbital de 62 AU.  

10 et 11 Leonis Minoris

Aussi connues sous le nom de SU et SV Leonis Minoris, 10 et 11 Leonis Minoris sont deux géantes jaunes de type spectral G8III, avec des magnitudes moyennes respectivement de 4,54 et de 5,34. Ce sont deux variables RS Canum Venaticorum, avec 10 Leonis Minoris variant de 0,012 magnitude sur 40,4 jours et 11 Leonis Minoris de 0,033 magnitude sur 18 jours. 11 Leonis Minoris a une compagne naine rouge de type spectral M5V de magnitude apparente 13,0. 

 

Située à environ 180 annnées-lumière, 10 Leonis Minoris se rapproche de la Terre avec une vitesse radiale héliocentrique de −12 km/s. Il s'agit d'une étoile géante évoluée avec une classification stellaire de G8.5 III. Elle montre un niveau élevé d'activité chromosphérique. Elle présente 2,54 fois la masse du Soleil et s'étend à 9,20 fois le rayon du Soleil, rayonnant 51,4 fois sa luminosité depuis sa photosphère à une température effective de 5 099 K. 

11 Leonis Minoris est une binaire située à 36,5 années-lumière visible à l'œil nu sous la forme d'une étoile sombre de couleur jaune avec une magnitude visuelle apparente de 5,54. Le système s'éloigne de la Terre avec une vitesse radiale héliocentrique de +14,4 km/s. Elle présente un mouvement propre relativement élevé, traversant la sphère céleste à la vitesse de 0,764 seconde d'arc par an. Son composant principal est une étoile de la séquence principale de type G avec une classification stellaire G8V, qui est légèrement moins massive et légèrement plus sombre que le Soleil. Comparée au Soleil, elle présente plus du double de l'abondance d'éléments lourds. Le composant secondaire, une étoile naine rouge de magnitude 14, est beaucoup plus faible que l’étoile principale. La paire a une période orbitale de 201 ans avec une excentricité élevée à 0,88.  

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"Leo Major et Leo Minor", planche 20 du Miroir d'Uranie, un ensemble de cartes célestes accompagnées d'un traité familier d'astronomie par Jehoshaphat Aspin. Londres. Carte astronomique, tirage sur carton. 1825. Eau-forte, coloriée à la main.

Essaims météoritIQUes du petit Lion

Les leonis minorides (022 LMI)

Les Leonis Minorides (anciennement appelées Leo Minorides), découvertes par Dick McCloskey et Annette Posen du Harvard Meteor Program en 1959, est une pluie d'étoiles filantes faible qui a lieu entre le 19 octobre et le 29 octobre de chaque année, culminant le 23 ou le 24 octobre. Le taux horaire est en revanche plutôt faible, avec deux météoroïdes par heure au moment du maximum. Mieux observée depuis l'hémisphère nord, avec une lune faible, la pluie peut être visible à l'œil nu. Le corps parent est la comète de longue période C / 1739 K1 (Zanotti). Ses météoroïdes zèbrent le ciel à une vitesse de 62 km/s.

Avec une lune faible, la pluie de météores peut être visible à l'œil nu, mais cette pluie de météores est mieux observée à l’aide d’instruments optiques.

Sa désignation IMO est LMI avec le numéro IAU: 22.  

Les leonis minorides de decembre (032 LMI)

Pendant longtemps, cet essaim était assimilé à l'essaim météoritique des Coma Bérénicides. Mais de récentes observations vidéo ont démontré qu'il s'agit d'un essaim totalement distinct.

Les Leonis Minorides de décembre est aussi une pluie faible qui a lieu du 05 décembre au 04 février de chaque année, culminant le 20 décembre. Le taux horaire est en revanche plutôt faible, avec cinq météoroïdes par heure au moment du maximum. Ses météoroïdes zèbrent le ciel à une vitesse de 64 km/s.

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Roger Sinnott & Rick Fienberg, Sky and Telescopes

Page modifiée le 08 avril 2022

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