Constellation
d'ANDROMÈDE
La constellation d'Andromède apparaît déjà dans l'astronomie babylonienne, où les étoiles qui composent les Poissons et la partie centrale d'Andromède formaient une constellation représentant une déesse de fertilité appelée Anunitum, la Dame des Cieux.
Elle fut ensuite appelée Mulier Catenata ("la femme enchaînée") en latin et al-Mar'at al Musalsalah en arabe, Persea ("l'Epouse de Persée") ou Cepheis ("la Fille de Céphée"). Dans l'anglais moderne, Andromède garde cette appellation de "Femme Enchaînée" ("the Chained Woman") ou de "Dame Enchaînée" ("the Chained Lady").
En tant que sujet, Andromède est populaire dans l'art depuis l'époque classique; c'est l'un des nombreux mythes grecs du sauvetage par un héros de la victime intentionnelle d'un hieros gamos archaïque (mariage sacré), donnant naissance au motif « princesse et dragon » cher à la Renaissance.
Constellation d'Andromède dans le Johannis Hevelii prodromus astronomiae (également connu sous le nom d'Uranographia) par Johannes Hévélius. 1690.
Andromède vue par Miguel Claro au-dessus du grand lac Alqueva, à Mourão. Dans le coin supérieur gauche de l'image, on peut voir la constellation de Cassiopée et en dessous le double amas de Persée NGC 884 et 869. Presque au centre de l'image, la grande galaxie d'Andromède M31 est bien visible dans la constellation d'Andromède, la voisine de Pégase.
MYTHOLOGIE
Tous les noms d'Andromède font référence à sa place dans le mythe gréco-romain de Persée.
Dans la lointaine Ethiopie, Cassiopée s'était attirée la colère de Poséidon en proclamant que sa fille (ou elle-même selon d'autres versions) était d'une beauté égale à celle des Néréides, les nymphes marines qui servaient d'escorte au dieu. Pour se venger, il provoqua une inondation et envoya un monstre marin (la baleine Cétus) qui se met à détruire hommes et bétail.
Désespéré, le roi Céphée consulta l'oracle d'Ammon qui révéla qu'aucun répit n'aurait lieu tant que le roi n'aurait pas livré sa fille au monstre. Andromède fut donc enchaînée nue à un rocher près du rivage mais Persée, sur le retour après sa victoire sur la Gorgone Méduse, l'aperçut du ciel et s'informa de ce qui lui est arrivé. Il en tomba immédiatement amoureux et offrit à Céphée de tuer le monstre à condition de pouvoir épouser Andromède.
Il attaqua alors Cétus avec son glaive et le tua après une lutte au corps à corps (en recouvrant ou non au pouvoir pétrifiant de la tête de Méduse selon les auteurs). Ovide précisa qu'après sa victoire, Persée déposa la tête de Méduse sur un lit d'algues, qui rougirent et durcirent à son contact, devenant ainsi la source du corail (mythe étiologique) (cf. infra).
Persée épousa Andromède alors qu'elle était fiancée à son oncle Phinée, qui convoitait le trône de son frère Céphée. Lors du mariage, une querelle eut lieu entre les deux prétendants et Phinée fut à son tour changé en pierre par le regard de la Gorgone.
Par la suite, le mythe raconte qu'Andromède suivit son époux à Tirynthe en Argolide où ils eurent six fils : Persès, Alcée, Héléos, Mestor, Sthénélos et Électryon, et une fille : Gorgophoné. Ils furent à l'origine de la lignée des Perséides par l'intermédiaire de Persès. Leurs descendants dirigèrent la Mycénie à partir d'Électryon jusqu'à Eurysthée, puis Atrée dont la funeste descendance (les Atrides) inspirera les grandes tragédies de l'époque classique ; le grand héros Héraclès (Achille) fait aussi partie de cette descendance.
Après sa mort, Andromède fut placée par Athéna parmi les constellations, dans l'hémisphère nord, près de Persée et de Cassiopée.
Cinq constellations sont associées à ce mythe :
-
Une tête d'homme portant une couronne, placée à l'envers par rapport à l'écliptique : la constellation de Céphée (Cepheus);
-
Une figure plus petite, près de l'homme, assise sur une chaise, près de l'étoile polaire : la constellation de Cassiopée (Cassiopea);
-
Une vierge enchaînée, se détournant de l'écliptique : la constellation d'Andromède, près de celle de Pégase (Pegasus) ;
-
Une baleine, juste sous l'écliptique : la constellation de la Baleine (Cetus);
-
Un guerrier, près d'Andromède : la constellation de Persée (Perseus).
Algol (β Persei), "l'Étoile Démon", représente la tête de Méduse.
Publié pour la première fois à Augsbourg en 1603, l’atlas de Bayer se compose de 51 gravures sur cuivre sur deux pages. Bayer a tracé ses étoiles sur une grille de coordonnées avec des intervalles d'un degré. Son propre catalogue d'étoiles, relié au début du volume, est fondé sur les positions d'étoiles de Tycho Brahe. Une bande horizontale sombre traverse toutes les constellations du zodiaque.
Photographies du ciel par Akira Fujii, contours UAI par Jean-Brice GAYET
L'Apollodore ou Pseudo-Apollodore, auteur inconnu, raconte dans la Bibliothèque l'histoire comme suit :
παραγενόμενος δὲ εἰς Αἰθιοπίαν, ἧς ἐβασίλευε Κηφεύς, εὗρε τὴν τούτου θυγατέρα Ἀνδρομέδαν παρακειμένην βορὰν θαλασσίῳ κήτει. Κασσιέπεια γὰρ ἡ Κηφέως γυνὴ Νηρηίσιν ἤρισε περὶ κάλλους, καὶ πασῶν εἶναι κρείσσων ηὔχησεν· ὅθεν αἱ Νηρηίδες ἐμήνισαν, καὶ Ποσειδῶν αὐταῖς συνοργισθεὶς πλήμμυράν τε ἐπὶ τὴν χώραν ἔπεμψε καὶ κῆτος. Ἄμμωνος δὲ χρήσαντος τὴν ἀπαλλαγὴν τῆς συμφορᾶς, ἐὰν ἡ Κασσιεπείας θυγάτηρ Ἀνδρομέδα προτεθῇ τῷ κήτει βορά, τοῦτο ἀναγκασθεὶς ὁ Κηφεὺς ὑπὸ τῶν Αἰθιόπων ἔπραξε, καὶ προσέδησε τὴν θυγατέρα πέτρα. ταύτην θεασάμενος ὁ Περσεὺς καὶ ἐρασθεὶς ἀναιρήσειν ὑπέσχετο Κηφεῖ τὸ κῆτος, εἰ μέλλει σωθεῖσαν αὐτὴν αὐτῷ δώσειν γυναῖκα. ἐπὶ τούτοις γενομένων ὅρκων, ὑποστὰς τὸ κῆτος ἔκτεινε καὶ τὴν Ἀνδρομέδαν ἔλυσεν.
Persée arriva en Éthiopie, où régnait Céphée, et il découvrit qu’Andromède, la fille du roi, avait été exposée pour devenir la proie d’un monstre marin. Car Cassiopée, l’épouse de Céphée, avait osé défier les Néréides dans un concours de beauté, en se vantant d’être plus belle qu’elles toutes. Les Néréides s’étaient offensées, et Poséidon se mit en colère : il envoya une inondation pour dévaster tout le territoire, et aussi un monstre marin. Amon avait alors donné sa réponse : la seule façon de faire cesser ce fléau était de livrer Andromède, la fille de Cassiopée, en pâture au monstre. Céphée, sous la pression de ses sujets Éthiopiens, obéit : il enchaîna la jeune fille à un rocher. Quand Persée l’aperçut, il tomba immédiatement amoureux d’elle, et il promit à Céphée de tuer le monstre et de sauver Andromède, à condition de l’avoir pour épouse. L’accord fut scellé par un serment. Persée attaqua le monstre marin d’en haut, le tua et libéra la jeune fille.
Bibliothèque, II, 2, 4, 3 (IIe s. apr. JC)
Les constellations d'Andromède et de Persée. Planche 3 d'A Celestial Atlas comprenant une série de trente cartes illustrées par une description scientifique de leur contenu et accompagnées de catalogues d'étoiles et d'exercices astronomiques. Alexander Jamieson. 1822
Ovide enchaîna les récits dans un poème mythologique d'une longueur considérable, Les métamorphoses, et parvint à y intégrer à l'épisode de Persée et Andromède un mythe étiologique inattendu, celui de l'origine du corail.
Persée reprend ses ailes, les attache à ses pieds, s'arme d'un fer recourbé, et, d'un vol rapide, sillonne les plaines de l'air. Il a déjà laissé, à gauche et à droite, d'innombrables contrées, lorsqu'il abaisse ses regards sur les peuples d'Ethiopie et sur les champs où règne Céphée. Là, condamnée par l'injuste arrêt de l'implacable Amon, Andromède expiait le superbe langage de sa mère. Persée voit ses bras enchaînés à un rocher sauvage, et, si le souffle léger des Zéphyrs n'eût pas agité ses cheveux, si des pleurs n'avaient pas coulé de sa paupière tremblante, il l'aurait prise pour un marbre, ouvrage du ciseau.
Atteint à son insu d'une flamme nouvelle, il demeure immobile et ravi par les charmes qui frappent ses regards, il oublie presque de frapper l'air de ses ailes. Il s'arrête et s'écrie : « Non tu n'es pas faite pour de pareilles chaînes, mais pour celles qui unissent des amants passionnés. Apprends-moi, de grâce, ton nom, celui de ces contrées, et pourquoi tu portes ces fers ». D'abord elle garde le silence : vierge, elle n'ose parler à un homme ; elle eût même caché de ses mains son visage pudique, si elles n'avaient pas été enchaînées ; du moins elle pouvait pleurer : ses yeux se remplirent de larmes ; enfin, de nouveau pressée de parler, et craignant qu'il n'imputât son silence à la honte de quelque crime, elle lui apprit son nom, celui de son pays et le fol orgueil que la beauté avait inspiré à sa mère.
Elle n'avait pas tout dit encore ; soudain l'onde retentit, un monstre apparaît sur la vaste surface des eaux ; il s'avance et presse sous ses vastes flancs une mer immense. La jeune fille pousse un cri : son père affligé, sa mère éperdue étaient présents ; malheureux tous les deux, sa mère était la plus coupable ; ils ne lui donnent pour tout secours qu'un juste tribut de larmes et les cris du désespoir ; ils serrent dans leurs bras Andromède attachée au rocher. « Vos pleurs pourront couler à loisir, dit l'étranger ; mais nous n'avons qu'un instant pour la sauver. Si je briguais sa main, moi, Persée, fils de Jupiter et de celle qu'une pluie d'or rendit féconde dans sa prison, moi, Persée, vainqueur de la Gorgone à ta tête hérissée de serpents, moi qui, porté sur des ailes, osai voyager dans les plaines de l'air ; sans doute je serais choisi pour gendre parmi tous mes rivaux. A tant de titres je veux, si les dieux me secondent, ajouter un bienfait : pour qu'elle m'appartienne, je m'engage à la sauver par mon intrépidité ». On accepte cette condition ! Qui aurait pu balancer ? On le presse, on lui promet Andromède, pour épouse, et pour dot un royaume.
Semblable au navire dont la proue sillonne les ondes quand il cède à l'effort de jeunes matelots dont les bras sont baignés de sueur, le monstre s'avance, repoussant et divisant les flots avec sa poitrine ; la distance qui le sépare du rocher pourrait être franchie par le plomb que lance dans les airs la fronde baléare ; soudain, le héros, frappant la terre de ses pieds, élève son vol jusqu'aux nues ; son ombre se réfléchissait à la surface des eaux ; le monstre voit cette ombre et l'attaque avec fureur. Quand l'oiseau de Jupiter aperçoit dans la plaine un serpent qui présente son dos livide aux rayons du soleil, il l'attaque par derrière, et, pour l'empêcher de retourner contre lui sa gueule cruelle, il enfonce dans les écailles de son cou ses implacables serres : ainsi Persée, traversant l'espace d'une aile rapide, fond sur le dos du monstre frémissant, et lui plonge dans le flanc droit son glaive recourbé, qui pénètre jusqu'à la garde. Le dragon, qu'irrite une large blessure, tantôt s'élève en bondissant dans les airs, tantôt se cache au sein des flots, ou se roule comme le sanglier furieux qui s'agite effraté au milieu d'une meute aboyante. Le héros se dérobe d'une aile agile à ses avides morsures, et partout où elle peut trouver passage, sur son dos hérissé d'écailles arrondies, sur ses flancs ou sur sa queue, qui se termine en dard comme celle d'un poisson, son épée, semblable à une faux, le perce de mille coups. Le monstre vomit de sa gueule les flots de la mer mêlés avec son sang, rouge comme la pourpre, et les fait rejaillir sur les ailes appesanties de Persée ; ses talonnières en sont trempées, et le héros n'osait plus s'y confier, lorsqu'il découvre un rocher dont la cime s'élève au-dessus de la mer tranquille, et disparaît sous les ondes en courroux. Il s'y soutient avec effort, et, saisissant de sa main gauche la pointe du roc qui s'avance, de l'autre il plonge et replonge le fer dans les entrailles du monstre.
Le rivage retentit de cris et d'applaudissements qui montent jusqu'aux célestes demeures ; transportés de joie, Cassiope et Céphée, père d'Andromède, saluent Persée du nom de gendre, et le proclament l'appui et le sauveur de leur maison. Délivrée de ses chaînes, Andromède s'avance, Andromède, l'objet et la récompense de cette périlleuse entreprise. Persée lave dans l'onde ses mains victorieuses, et de peur que les cailloux ne blessent la tête aux cheveux de serpents, il couvre la terre d'un lit de feuilles tendres, sur lesquelles il étend des arbustes venus au fond de la mer ; c'est là qu'il dépose la tête de la fille de Phorcus. Ces tiges nouvellement coupées, et dont la sève spongieuse est encore pleine de vie, attirent le venin de la Gorgone, et se durcissent en la touchant ; les rameaux, le feuillage contractent une rouleur qu'ils n'avaient point encore. Les nymphes de la mer essaient de renouveler ce prodige sur d'autres rameaux, et à chaque fois se réjouissent d'y avoir réussi. A diverses reprises, elles en jettent les débris dans les eaux, comme autant de semences. Jusqu'à ce jour, le corail a conservé la même propriété : il se durcit au contact de l'air ; osier flexible sous les ondes, il devient une pierre hors de la mer.
Ovide – Métamorphoses, IV, 668-752 - Ier s. apr. JC
Andromède (Andromeda) et Persée (Perseus) vus par l'astronome allemand Johann Elert Bode (1747-1826) en 1801. Sur 20 grandes gravures sur cuivre Bode a inclus plus de 17 000 étoiles, bien plus que n'importe quel atlas précédent. Il y a représenté plus de 100 constellations, contre 88 officiellement reconnues aujourd'hui. Certains qui sont apparus dans cet atlas pour la première fois, mais qui ne sont pas officiellement reconnus aujourd'hui, comprennent le chat, la presse à imprimer, le ballon Montgolfier et le générateur électrique (constellations alors récemment inventées par Hevelius et Lacaille). Bode avait également inclus 2 500 « nébuleuses », cataloguées par William Herschel.
Andromède "était l'une des constellations mentionnées par Ptolémée dans son livre du IIe siècle, l'Almageste.
Plusieurs étoiles d'Andromède et presque toutes les étoiles du Lézard furent combinées en 1787 par l'astronome allemand Johann Bode pour former la Gloire de Frédéric (Freidrich's Ehre) en l'honneur de Frédéric II. Cette désignation fut assez rapidement abandonnée.
Gloria Frederici, Andromeda and Triangula" planche 5 du Miroir d'Uranie, un ensemble de cartes célestes accompagnées d'un traité familier d'astronomie par Jehoshaphat Aspin. Londres. Carte astronomique, tirage sur carton. 1825. Eau-forte, coloriée à la main
La constellation d'Andromède sur le Globe Céleste de Mercator de 1551 (Collection d'Harvard)
Interprétations
Selon certaines hypothèses, ce mythe serait d'origine phénicienne. Il offre des similitudes saisissantes avec le mythe d'Hésione, la fille de Laomédon, roi de Troie, qui sera sauvée d'un monstre marin par Héraclès. Ce mythe sera transposé au Moyen Âge chrétien en combat de saint Georges avec le dragon. En tant que sujet, Andromède est populaire dans l'art depuis l'époque classique ; le mythe d'Andromède et de persée fait partie de l'un de ces nombreux mythes grecs du sauvetage par un héros de la victime intentionnelle d'un hieros gamos archaïque (mariage sacré), donnant naissance au motif « princesse et dragon » cher à la Renaissance.
Les étoiles d'Andromède
Alpheratz
α Andromedae, officiellement appelée Alpheratz, est l'étoile la plus brillante de la constellation. Système binaire situé à 97 années-lumière, elle a une magnitude visuelle globale apparente +2,06. Ptolémée considérait qu’alpha Andromedae était partagée avec Pégase et Johann Bayer lui attribua donc une désignation pour chacune des deux constellations (α Andromedae et δ Pegasi), mais lorsque les limites de la constellation moderne ont été fixées en 1930 cette dernière désignation a été abandonnée.
Les noms usuels Alpheratz, Alpherat et Sirrah sont autant de translittérations du nom arabe, Al Surrat al Faras (سرة الفرس ) « le Nombril de la Jument », qui se réfère au placement historique de l'étoile dans Pégase. Elle est également connue sous le nom de Sirrah ou Sirah. Deux autres noms abandonnés furent utilisés par les astronomes médiévaux écrivant en arabe : راس المراة المسلسلة rās al-mar'a al-musalsala, c’est-à-dire « la Tête de la Femme Enchaînée" (référence directe à Andromède, la femme enchaînée) et al-kaff al-khaḍīb ainsi que kaff al-naṣīr. Dans le zodiaque lunaire hindou, cette étoile constitue avec les autres étoiles du Grand Carré de Pégase (α, β et γ Pegasi), les nakshatras de Pūrva Bhādrapadā et d'Uttara Bhādrapadā. En Chine, α Andromedae s’appelle « la Deuxième Etoile du Mur » (壁 宿 二, Bì Sù èr), faisant référence au « Mur » 壁 宿 (Bì Sù), un astérisme composé de α Andromedae et γ Pegasi. Elle était également désignée comme l'un des « Trois Guides » qui marquent le premier méridien des cieux, les deux autres étant Beta Cassiopeiae et Gamma Pegasi. Elle était censé offrir honneur et richesse à ceux qui étaient nés sous son influence.
α Andromedae est un système binaire spectroscopique (ses deux étoiles sont en orbite rapprochée) avec une période de 96,7 jours. L'étoile primaire a un spectre de type B8IVpMnHg, une masse d'environ 3,6 masses solaires, une température de surface d'environ 13800 K et, mesurée dans toutes les longueurs d'onde (on parle de luminosité bolométrique), une luminosité d'environ 200 fois celle du Soleil. Son compagnon secondaire fait environ 1,8 masses solaires et a une température de surface d'environ 8 500 K. Sa luminosité est d'environ 10 fois celle du Soleil. C'est une étoile de type A précoce dont le type spectral est classé A3V.
Dès 1906, Norman Lockyer et F. E. Baxandall rapportèrent qu’α Andromedae avait un certain nombre de raies inhabituelles de son spectre. Ultérieurement, elle fut identifiée comme faisant partie du groupe d'étoiles à mercure-manganèse, une classe d'étoiles chimiquement particulières dont l'atmosphère contient des niveaux anormalement élevés de mercure, de manganèse et d'autres éléments, dont le gallium et le xénon (α Andromedae est l'étoile au mercure-manganèse la plus brillante connue). Une hypothèse expliquant le spectre particulier de ces étoiles est celle de la diffusion radiative ; selon cette théorie, dans les étoiles aux atmosphères inhabituellement calmes, certains éléments chimiques s'enfonceraient vers le coeur de l'étoile sous la force de la gravité tandis que d'autres seraient repoussés à la surface par la pression de radiation.
Mirach
β Andromedae, officiellement nommée Mirach, est une étoile au nord-est du Grand Carré de Pégase couramment utilisée par les astronomes amateurs pour trouver la galaxie d'Andromède. La galaxie NGC 404, également connue sous le nom du Fantôme de Mirach, n'est qu'à sept minutes d'arc de Mirach. Cette-dernière a une magnitude visuelle apparente moyenne de 2,05, ce qui en fait l'étoile la plus brillante de la constellation. Sa luminosité varie légèrement de la magnitude +2.01 à +2.10, comme la plupart des géantes rouges. Elle est distante de 197 années-lumière (60 parsecs) et sa magnitude apparente est donc réduite de 0,06 par extinction due au gaz et à la poussière interstellaires.
Son nom officiel est Mirach depuis 2016, et les variantes telles que Mirac, Mirar, Mirath, Mirak, Merach, etc proviennent de diverses erreurs de transcriptions. Ainsi, Mirat était une une translittération dégradée de l'arabe مئزر mīzar « ceinture », qui est apparue dans une traduction latine de l'Almageste et qui faisait référence à la position de Mirach à la hanche gauche d’Andromède. Sa description dans les Tables Alfonsine de 1521 comme super mizar se réfère à un autre de ses noms, Al Mizar (à ne pas confondre avec le nom traditionnel de Mizar de l'étoile zêta Ursae Majoris). Les astronomes médiévaux la connaissait de l'arabe Andromedae Janb al-Musalsalah (« le Côté de la Femme Enchaînée »).
Elle faisait partie du 28ème Manzil (Manoir lunaire arabe) Baṭn al-Ḥūt, « le ventre du poisson », ou Qalb al-Ḥūt, « le cœur du poisson », l’étoile ayant été également appelée à l’époque Cingulum ou Ventrale. Al-Ḥūt était une constellation arabe aujourd’hui disparue et sans rapport avec les Poissons actuels.
En Chine, elle est connue comme « la Neuvième Etoile des Jambes » (奎 宿 九, Kuí Sù jiǔ) faisant référence à l’astérisme des « Jambes » 奎 宿 (Kuí Sù), composé de β Andromedae, η Andromedae, 65 Piscium, ζ Andromedae, ε Andromedae, δ Andromedae, π Andromedae, ν Andromedae, μ Andromedae, σ Piscium , τ Piscium, 91 Piscium, υ Piscium, φ Piscium, χ Piscium et ψ¹ Piscium.
Enfin, les gens de Micronésie l’appelaient Kyyw, ce qui signifie « le Marsouin ».
Mirach est peut-être répertoriée dans le MUL.APIN sous le nom KA.MUSH.I.KU.E, ce qui signifie « le Délétère » (avec une étoile alternative, α Cas).
Beta Andromedae est une géante rouge de classification M0 III. Son spectre sert de point d'ancrage stable dans le système spectral de classification MK de Garrison. Son enveloppe externe s'est étendue à environ 100 fois la taille du Soleil et elle rayonne 1995 fois la luminosité du Soleil à une température effective de 3842 K.
Almach
γ Andromedae est un système d'étoiles multiples situé à environ 350 années-lumière de la Terre. Dès 1778, Johann Tobias Mayer découvrit que γ Andromedae était une étoile double avant que ne soit découvert bien plus tard (en octobre 1842, Wilhelm Struve) que γ2 Andromedae était elle-même un système à deux étoiles dont les composants étaient séparés de moins d'une seconde d'arc avec une période orbitale d'environ 64 ans, puis que spoit mis en évidence que γ Andromedae B était elle-même une binaire spectroscopique composée de deux étoiles de la séquence principale de type B en orbite l'une autour de l'autre avec une période de 2,67 jours. Ainsi, au final, γ Andromedae est un système multiple hiérarchique composé de 4 étoiles.
Son nom Almach (également orthographié Almaach, Almaack, Almak, Almaak ou Alamak) est une translittération de l'arabe العناق (al-'anāq), « le caracal » (lynx du désert). Un autre nom que lui donnait les astronomes médiévaux écrivant en arabe était رجل المسلسلة (Rijl al Musalsalah), « le Pied de la femme [enchaînée] ».
En chinois, elle était « la Première Etoile du Grand Général Du Ciel » (天大 將軍 一, Tiān Dà Jiāng Jūn yī) , 天大 將軍 (Tiān Dà Jiāng Jūn) étant l’astérisme du Grand Général du Ciel, composé de γ Andromedae, φ Persei, 51 Andromedae, 49 Andromedae, χ Andromedae, υ Andromedae, τ Andromedae, 56 Andromedae, β Trianguli , γ Trianguli et δ Trianguli. Dans le Calendarium du catalogue des étoiles d'Al Achsasi al Mouakket, elle était nommée الخامس النعامة (Al Khamis al Na'amah), ce qui a été traduit en latin par Quinta Struthionum, signifiant « la Cinquième Autruche » .
γ1 Andromedae (composante A) est une géante de classification spectrale K3IIb avec une magnitude visuelle apparente d'environ 2,26. γ2 Andromedae (composante BC), avec une magnitude visuelle apparente globale de 4,84, est à 9,6 secondes d'arc de γ1 Andromedae. γ1 et γ2 ont une période orbitale d'environ 5 000 ans. γ Andromedae B a une magnitude visuelle apparente 5,5. γ Andromedae C a une magnitude visuelle apparente 6,3 et est une étoile de la séquence principale de type A.
Roger Sinnott & Rick Fienberg, Sky and Telescopes