Constellation
d'HERCULE
Héraclès ( Ἡρακλῆς , Héraklès , Gloire d’Hera), né Alcée ( Ἀλκαῖος) ou Alcides ( Ἀλκείδης , Alkeidēs ) était un héros divin dans la mythologie grecque, fils de Zeus et d'Alcmène, fils adoptif d'Amphitryon. C’était le plus grand héros grecs, le parangon de la masculinité et l'ancêtre des clans royaux qui prétendaient être Héracleidae ( Ἡρακλεῖδαι ), et un champion de l' ordre olympien contre les monstres chthoniens . À Rome et en Occident moderne, il est connu sous le nom d'Hercule, avec lequel les derniers empereurs romains, en particulier Commode et Maximien, se sont souvent identifiés.
Hercules, Hercule, vu par Alexandre Jamieson, Atlas Céleste - 1822
Hercule est la constellation homonyme du héros mythologique de la Rome antique, lui-même hérité du mythe grec d’Héraclès.
Hercule était l'une des 48 constellations répertoriées par Ptolémée au IIème s. et fait toujours parties des 88 constellations actuelles.
Couvrant 1225,1 degrés carrés et 2,970% du ciel nocturne, c'est la cinquième plus grande des constellations. Elle est bordée par le Dragon (Draco) au Nord; le Bouvier (Boötes), la Couronne Boréale (Corona Borealis) et la Tête du Serpent (Serpens Caput) à l'Est; Ophiuchus au Sud, l’Aigle (Aquila) au Sud-Ouest; et la flèche (Sagitta), le Petit Renard (Vulpecula) et la Lyre (Lyra) à l'Ouest. Son abréviation à trois lettres, telle qu'adoptée par l'Union astronomique internationale en 1922, est «Her». Ses limites officielles on été définies par Eugène Delporte en 1930, et forment un polygone de 32 segments.
Dans les latitudes moyennes de l'hémisphère nord, Hercule est mieux observé du milieu du printemps jusqu'au début de l'automne, culminant à minuit le 13 juin.
Hercules sur la Carte céleste par Johannes Hevelius dans le Firmamentum Sobiescianum sive Uranographia (1687)
De nombreuses récits populaires ont racontés sa vie, le plus célèbre étant Les douze travaux d’hercule.
Sa figure, qui s'inspirait initialement de motifs du Proche-Orient tels que le combat de lion, était largement connue. Héraclès était le plus grand des héros chthoniens helléniques, mais contrairement aux autres héros grecs, aucune tombe n'a été identifiée comme la sienne. Héraclès était à la fois héros et dieu, ou comme Pindare le dit, héros théos ; à la même fête, un premier sacrifice pouvait lui être fait en héros, avec une libation chthonique, puis en tant que dieu, sur un autel. Il incarne ainsi l'approche grecque la plus proche d'un « demi-dieu ».
Le proto-mythe de l’histoire d'Héraclès semble provenir de cultures de chasseurs néolithiques, et notamment des traditions de traversées chamaniques du monde inférieur. Il est possible que les mythes entourant Héraclès soient fondés sur la vie d'une personne réelle (ou de plusieurs personnes dont les réalisations se sont exagérées avec le temps) ; en effet, sur la base des points communs des légendes d'Héraclès et d'Ulysse , il semble que le mythe se rapporter à un même personne historique qui aurait marqué l'Histoire avant que celle-ci ne fut écrite.
Hercule tel que représenté dans le Miroir d’Uranie, un ensemble de cartes de constellation publié à Londres vers 1825. accompagnées d'un traité familier d'astronomie par Josaphat Aspin. Londres. La figure apparaît à l'envers dans le ciel par rapport aux constellations voisines. L'ancienne constellation du Cerbère est détenue par Hercule avant que ses étoiles ne fassent partie de la constellation.
MYTHOLOGIE
Selon les chercheurs, la constellation grecque d'Hercule est une emprunt déformé à la constellation babylonienne connue sous le nom du «Dieu Debout» (MUL.DINGIR.GUB.BA.MESH). Cette figure était alors représentée, tout comme le « Dieu Assis», sous la forme d’un buste homme avec un corps de serpent (la portion du serpent étant plus tard représentée sur les cartes célestes grecques par la figure du Dragon qu'Hercule foule au pied). Il est possible que la constellation originale d'Hercule – l’ « l’Agenouillé » (cf. infra) – soit une fusion des deux constellations babyloniennes du Dieu Assis et du Dieu Debout, mais il est surtout remarquable que la figure semble anonyme dans les premiers récits grecs, comme le fait remarquer Lætitia Lorgeoux-Bouayad dans une étude des Phénomènes d’Aratos de Soles.
Aratus ou Aratos de Soles, en grec ancien Ἄρατος ὁ Σολεύς, est un poète grec du IIIème siècle av. J.-C. Des œuvres d'Aratos, seuls les Phénomènes, un poème de 1 154 vers en grec sur l'astronomie (alors que l’auteur n’était lui-même pas astronome) sont parvenus jusqu'à nous. La première partie expose pour l'essentiel les idées d’Eudoxe sur les positions respectives des constellations, à quoi l'auteur ajoute des considérations sur la catastérisation, transformation des êtres en astres ou constellations. La seconde partie du poème provient d'une autre source, Des Signes du temps de Théophraste, premier ouvrage de prévisions météorologiques en Europe, et traite des signes météorologiques (en grec ancien diosemeia Διοσημεῖα : « Prévisions ») — parmi lesquels sont inclus les comportements des animaux. Le poème d'Aratos est réputé pour son obscurité, car l'auteur, emporté par la virtuosité poétique, a négligé la clarté de l'expression dans l'explication de la cosmologie, mais il servira de référence en la matière.
Devenu rapidement célèbre, ce poème aurait été l’un des plus lu dans l'Antiquité, après l’Iliade et l’Odyssée. De nombreux auteurs latins s'inspirèrent de l'œuvre d'Aratos, parmi lesquels Virgile, Cicéron, Germanicus et Aviénus. Il est étonnant de constater qu'étant donné l'obscurité de certains passages des Phénomènes, les gloses sur ce poème apparurent dès l'Antiquité.
Les noms d'étoiles utilisés viennent pour la plupart du poème d'Aratos : Ptolémée les conserva dans son Almageste et la tradition arabe les transmis. Le manuscrit des Aratea de Leyde, un codex enluminé carolingien contenant les chapitres d’astronomie des « Phénomènes », composé vers 825 en Lotharingie, est aujourd'hui l'un des plus vieux manuscrits de cette œuvre.
Hercule. Gravure originale de carte céleste de Bayer du 17ème siècle, Uranométrie - 1661
Lætitia Lorgeoux-Bouayad note que parmi les nombreuses énigmes à résoudre dans les Phénomènes, la plus féconde est certainement la constellation de l’Agenouillé. En effet, sur l’ensemble des 750 vers consacrés aux constellations, Aratos mentionne l’Agenouillé dans six passages – ce qui est beaucoup –, disséminés dans les deux parties de son ekphrasis de la sphère céleste : tout d’abord deux fois dans la description des positions des constellations : au tout début (aux vers 63-76), puis aux v. 268 à 271 lorsqu’il revient au point de départ de la sphère célèste :
Τῇδ᾽ αὐτοῦ μογέοντι κυλίνδεται ἀνδρὶ ἐοικὸς
εἴδωλον. τὸ μέν οὔτις ἐπίσταται ἀμφαδὸν εἰπεῖν,
οὐδ᾽ ὅτινι κρέμαται κεῖνος πόνῳ, ἀλλά μιν αὕτως
ἐγγόνασιν καλέουσι. τὸ δ᾽ αὖτ᾽ ἐν γούνασι κάμνον
ὀκλάζοντι ἔοικεν: ἀπ᾽ ἀμφοτέρων δέ οἱ ὤμων
χεῖρες ἀείρονται: τάνυταί γε μέν ἄλλυδις ἄλλη
ὅσσον ἐς ὀργυιήν: μέσσῳ δ᾽ ἐφύπερθε καρήνῳ
δεξιτεροῦ ποδὸς ἄκρον ἔχει σκολιοῖο Δράκοντος.
αὐτοῦ κἀκεῖνος στέφανος, τὸν ἀγανὸς ἔθηκεν
σῆμ᾽ ἔμεναι Διόνυσος ἀποιχομένης Ἀριάδνης,
νώτῳ ὑποστρέφεται κεκμηότος Εἰδώλοιο.
Au même endroit tourne une figure semblable à un homme qui souffre ; et celui-là, personne ne sait dire clairement qui il est, ni quelle est la peine dont il souffre, mais on l’appelle ainsi : l’Agenouillé ; car il semble plier ses genoux sous l’effort. Ses deux bras s’élèvent de ses épaules. Ils s’écartent en croix ; et au-dessus, il pose la pointe de son pied sur le milieu du côté droit de la tête du tortueux Dragon. Là encore cette fameuse Couronne, signe éclatant d’Ariane disparue que Dionysos y plaça, tourne sous le dos de la figure accablée. La Couronne touche son dos, mais près du sommet de sa tête, observe la tête du Serpentaire (V. 63-76).
Ἑρμείης ἐτόρησε, λύρην δέ μιν εἶπε λέγεσθαι.
κὰδ δ᾽ ἔθετο προπάροιθεν ἀπευθέος Εἰδώλοιο
οὐρανὸν εἰσαγαγών. τὸ δ᾽ ἐπὶ σκελέεσσι πέτηλον
γούνατί οἱ σκαιῷ πελάει:
Hermès la perça de trous, et proclama qu’on la nommerait Lyre, et, l’emportant au ciel, la plaça devant la figure inconnue. Celle-ci, affaissée sur ses jambes, la touche de son genou gauche (V. 268-271).
Aratos le mentionne ensuite trois fois dans la partie du poème consacrée aux levers et couchers simultanés des constellations : aux vers 575-576, pour dire qu’il est haut dans le ciel, aux v. 591-593 à propos de son coucher, et aux v. 612-618, à propos de son lever. Pour finir, le caractère morcelé de son lever est détaillé avec une minutie étonnante pour une constellation de second plan, aux v. 669-674 :
αὐτὰρ ὅ γ᾽ ἐξόπιθεν τετραμμένος ἄλλα μὲν οὔπω
γαστέρι νειαίρῃ, τὰ δ᾽ ὑπέρτερα νυκτὶ φορεῖται.
Quant à celui qui est retourné, il n’est pas encore couché jusqu’au bas-ventre, mais il est entraîné par le haut dans la nuit (V. 575-576).
αὐτὰρ ὅ γε Γνὺξ ἥμενος ἄλλα μὲν ἤδη, ἀτὰρ γόνυ καὶ πόσα λαιὸν
οὔπω κυμαίνοντος ὑποστρέφει ὠκεανοῖο.
Quant à l’homme à genoux, si pour le reste il est déjà couché, son genou et son pied gauches, en revanche, ne tournent pas encore sous les flots d’Océan (V. 591-593).
μόνην δ᾽ ἐπὶ Χηλαὶ ἄγουσιν
δεινὸν ἐφεστηῶτ᾽ Ὀφιουχέα: τοῦ ἔπειτα
δεξιτερὴν κνήμην αὐτῆς ἐπιγουνίδος ἄχρις
αἰεὶ Γνύξ, αἰεὶ δὲ Λύρῃ παραπεπτηῶτος,
ὅντινα τοῦτον ἄϊστον ὑπουρανίων εἰδώλων
ἀμφότερον δύνοντα καὶ ἐξ ἑτέρης ἀνιόντα
πολλάκις αὐτονυχεὶ θηεύμεθα.
Et (le lever) des Pinces amène seulement la jambe droite – pas au-delà du genou – de celui qui reste toujours à genoux, qui s’étend toujours près de la Lyre, personnage inconnu parmi les figure célestes, et dont nous admirons souvent le coucher puis le lever dans l’autre bord au cours de la même nuit (V. 612-618).
τοῦ γε μὲν Ἐνγόνασιν, περὶ γὰρ τετραμμένος αἰεὶ
ἀντέλλει, τότε μὲν περάτης ἐξέρχεται ἄλλα,
γυῖά τε καὶ ζώνη καὶ στήθεα πάντα καὶ ὦμος
δεξιτερῇ σὺν χειρί: κάρη δ᾽ ἑτέρης μετὰ χειρὸς
τόξῳ ἀνέρχονται καὶ Τοξότηι ἀντέλλοντι.
δὐν τοῖς Ἑρμαίη τε Λύρη.
De l’Agenouillé (car il se lève toujours retourné), certaines parties sortent alors de l’autre côté du monde : les jambes, la taille, toute la poitrine, et le bras droit depuis l’épaule jusqu’à la main ; mais la tête, avec l’autre bras ; ne monte qu’au lever de l’Arc et du Sagittaire. Avec eux, la Lyre d’Hermès (V. 669-674).
Ainsi, les premières références grecques de la constellation ne la désignent pas comme Hercule et Aratos de Soles insiste sur plusieurs traits récurrents de ce personnage : son étrange anonymat, sa position, symbolisant la souffrance, et sa situation dans le ciel, enfin, entre trois constellations hautement symboliques : la Couronne dans son dos, la Lyre près de son genou, et le Dragon, à son pied. Ainsi, il est souvent désigné par la périphrase εἴδωλον, « figure », et Aratos insiste sur son caractère étonnamment mimétique (ἐοικὸς). C’est un dessin qui exprime parfaitement un homme à genoux, mais à la clarté du dessin s’oppose l’obscurité du nom.
Quant à sa position dans le ballet des constellations, elle est remarquable : doublement retourné (pieds en l’air, et orienté dans la marche inverse de celle du ciel), il semble progresser à revers dans la nuit. Et s’il n’est pas le seul à courir à reculons (Argo par exemple), il est le seul à avoir ce double renversement. Par ailleurs, sa proximité avec le cercle arctique le fait se lever et se coucher dans la même nuit, ce qui est source d’étonnement pour Aratos ; ce-dernier n’insiste sur ce phénomène qu’à propos de l’Agenouillé, alors que d’autres constellations plus célèbres comme Céphée ou le Bouvier sont également concernées.
Autant de points propres à susciter l’étonnement à la lecture du poème.
Quant à l’identité de cette figure pour les Grecs de la haute antiquité (car il semble peu probable que l’Agenouillé fut réellement anonyme pour les Grecs), les universitaires retiennent les hypothèses suivantes, parfaitement rappelées par Lætitia Lorgeoux-Bouayad :
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Héraclès, celui qui donnera effectivement son identité à la figure anonyme, et ce dès les Catastérismes d’Eratosthène. Il faut avouer qu’il est le candidat idéal. Sa position rappelle l’épisode où il soulage Atlas de son terrible fardeau, lors de l’épreuve des Hespérides. Le fait qu’il foule du pied le Dragon semble le confirmer encore. Il est également la personnification du héros stoïcien, le courant de pensée auquel appartenait Aratos, et sa souffrance symbolise la difficile condition humaine. Enfin, la Couronne dans son dos et son lever majestueux peuvent aussi être considérés comme le rappel qu’Héraclès était aussi l’ancêtre mythique des rois de Macédoine, à Pella, où vivait Aratos. Héraclès est tellement idéal qu’on se demande bien pourquoi Aratos a délibérément écarté cette possibilité. Tout d’abord, pourquoi faire semblant de l’ignorer, si c’était si évident ? Aratos n’y avait aucun intérêt ; bien au contraire, c’eût été une façon élégante de catastériser l’ancêtre mythique de son roi. Mais si Héraclès était l’Agenouillé depuis une haute époque, Aratos a manifestement tout fait pour gommer cette idée. A commencer par l’argument de la position victorieuse sur le Dragon : le pied de l’Agenouillé se pose sur le côté de la gueule de la bête, non au sommet. On a plutôt l’impression qu’il se fait poursuivre ou mordre, plutôt qu’il n’en triomphe. Et puis le texte d’Aratos semble interdire cette lecture : l’Agenouillé semble au mieux un vaincu, au pire un supplicié. Par ailleurs l’Atlas Farnèse, copie romaine d’un original hellénistique vraisemblablement assez proche de la rédaction des Phénomènes, ne montre aucun des attributs spécifiques d’Héraclès (ni barbe, ni peau de lion, ni massue) alors que ceux de Persée sont très visibles. L’Agenouillé y est bien représenté comme un individu anonyme.
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Thésée. Il y a aussi la possibilité de Thésée. De nombreuses représentations iconographiques représentent en effet le héros athénien avec une lyre en main, aux côtés d’Ariane et de sa couronne. Mais, comme pour Héraclès, il est difficile de voir dans les souffrances de l’Agenouillé la représentation du vainqueur du Minotaure. Il paraît également difficile de voir le vaincu (le Minotaure) dans le texte d’Aratos : aucun indice textuel ne suggère ici un monstre.
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Orphée. L’hypothèse d’Orphée est elle aussi séduisante. Tout d’abord, la proximité de la lyre et de la couronne, qui deviennent alors symbole de gloire poétique. Ensuite la position sur un genou, représentant la souffrance d’Orphée mourant, que l’on retrouve en effet sur les vases ; enfin le morcellement de la figure au moment des levers et couchers simultanés, qui évoquerait son démembrement par les Ménades. Les Ménades appartiennent d’ailleurs au monde dionysiaque déjà représenté par la couronne. Une lecture de l’adverbe ἀμφαδὸν par Aratos « nul ne saurait le dire clairement » peut être « nul ne saurait le dire ouvertement », allusion à la religion à mystères qui entoure cette figure. Mais en fait, ces interprétations subtiles sont mises à mal par Aratos lui-même, qui est très clair : la lyre est celle d’Hermès, telle qu’elle est décrite dans l’Hymne à Hermès, et aucun élément ne la rattache à Orphée. Par ailleurs, la description de la figure évoque plutôt un homme peinant sous une charge et non démembré. Enfin, le mystère entourant l’orphisme cadre mal avec ce stoïcisme de la première heure, avide d’explication de la Nature pour chanter la providence de Zeus, et qui constitue la colonne vertébrale du poème. On voit mal pourquoi Aratos aurait glissé une connotation orphique dans ce poème d’un stoïcisme vigoureux et triomphant.
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Atlas ? Et d’ailleurs, plus conforme au stoïcisme est la figure d’Atlas. En effet, comment ne pas voir la parfaite correspondance entre les représentations artistiques du Titan, et la description du supplice de l’Agenouillé, qui serait alors comme une mise en abîme fantastique de cette sphère céleste portée par lui et sur laquelle il se trouve. D’ailleurs, Atlas est aussi le père légendaire de l’astronomie, et Diodore de Sicile en fait même l’inventeur mythique de la sphère céleste, l’invention propre d’Eudoxe de Cnide, modèle direct d’Aratos (Eudoxe de Cnide, Εὔδοξος ὁ Κνίδιος (408 av. J.-C. – 355 av. J.-C.), est un astronome, géomètre, médecin et philosophe grec contemporain de Platon qui tenta le premier de formuler une théorie sur le mouvement des planètes, la théorie dite des Sphères homocentriques. Eudoxe composa plusieurs ouvrages dont aucun ne nous est parvenu, cependant son traité sur Les Phénomènes se retrouve presque tout entier dans le poème d'Aratos). Ce dernier semble donc faire anonymement figurer dans son poème le saint patron de sa discipline. Le stoïcisme dont il se réclamait vénérait particulièrement ces « pères fondateurs » instructeurs du genre humain. Aratos, en ouverture de son poème, salue avec respect cette « génération d’avant » (en référence à la théorie de Posidonius selon laquelle toutes nos techniques viendraient de « sages philosophes » qui étaient rois aux temps de l’âge d’or), et décrit dans son propre mythe de l’âge d’or aux v. 100-114 et fait, à l’occasion d’une digression sur les étoiles anonymes, le portrait du premier astronome, créateur des constellations. Cette digression essentielle se situe à l’exact milieu de sa description de la sphère céleste, au v. 374 sur les 757 vers qui y sont consacrés, et de ce fait, offre une clé de la compréhension du poème. Et cet astronome mythique est étonnamment anonyme… comme l’Agenouillé.
L'histoire reliant Hercule à la constellation est racontée par Denys d'Halicarnasse dans ses Antiquités romaines.
Sur le chemin du retour à Mycènes depuis la péninsule ibérique après avoir accompli son dixième travail (qui consistait à obtenir le bétail du géant à trois corps Geryon), Héraclès fut attaqué par deux géants, Albion et Bergion (ou Dercynus), fils de Poséidon, alors qu’il arrivait en Ligurie (dans le nord-ouest de l’Italie). La bataille qui s’en suivit fut féroce; Albion et Bergion étaient soutenus par une armée nombreuse. Hercule et son armée étaient dans une position difficile, alors il pria son père Zeus de l'aider et - sous l'égide de son père - il remporta la bataille et les deux frères furent tués.
C'est dans cette position, priant son père à genoux, qu'Héraclès est représenté dans la constellation d' Hercule (et qui a donné le nom Engonasin (Ἐγγόνασιν, dérivé de ἐν γόνασιν), signifiant « à genoux » ou « l’Agenouillé » comme vu ci-dessus).
Hercule est aussi parfois associé à Gilgamesh, un héros mythologique sumérien.
Dans l'astronomie chinoise, les étoiles qui correspondent à Hercule sont situées dans deux zones: l'Enceinte Pourpre Interdite (紫微 垣, Zǐ Wēi Yuán) et l'Enceinte du Marché Céleste (天 市 垣, Tiān Shì Yuán).
Hercule, dans Flammarion, d'après Bode, un des dernier atlas à proposer des figures artistiques des constellations.
Les étoiles d'Hercule
Un ASTERISME, La clé de voûte
L'astérisme de la clef de voûte est formé par les quatre étoiles qui représentent le torse d'Hercule - Pi, Eta, Zeta et Epsilon Herculis.
Kornephoros
β Herculis (Beta Herculis), ou Kornephoros, est l'étoile la plus brillante de la constellation d'Hercule. Son nom vient du grec et signifie « le porteur du gourdin ». Kornephoros a une magnitude apparente de 2,81 et se trouve à environ 139 années-lumière.
Beta Herculis est probablement une étoile variable, avec une magnitude visuelle qui peut atteindre 2,76. Il s’agit d’une étoile binaire, avec une période de 410 jours. L'étoile principale est une géante appartenant à la classe spectrale G7 IIIa de trois masses solaires et de 17 rayons solaires. L’autre étoile du système Beta Herculis ne possède que 90% de la masse du Soleil.
ζ Herculis
Zeta Herculis est une étoile multiple d'une magnitude apparente combinée de 2,81, située à seulement 35 années-lumière de la Terre. C'est la plus brillante des quatre étoiles qui forment l'astérisme la Clef de Voûte.
La composante principale du système est une étoile sous-géante appartenant à la classe spectrale F9 IV, qui se trouve en orbite d’un compagnon plus petit à une distance de 1,5 seconde d'arc, avec une période de 34,45 ans. L'étoile primaire fait 2,6 fois le rayon du Soleil et 1,45 fois la masse solaire. Il est plus de six fois plus lumineux que le Soleil.
On pensait autrefois que Zeta Herculis faisait partie du Courant d’Etoiles de Zeta Herculis, un groupe d'étoiles partageant une origine commune et se déplaçant de concert dans la Voie Lactée. Découvert en 1958, le groupe a été réduit à une dizaine d’étoiles en 1970, dont Phi-2 Pavonis dans la constellation Pavo, Zeta Reticuli dans le Réticulum, 1 Hydrae dans Hydra, Beta Hydri dans Hydrus et Gliese 678 dans la constellation Ophiuchus, mais sans ζ Herculis...
Sarin
δ Herculis (Delta Herculis) est un autre système stellaire d'Hercule, composé de deux à cinq étoiles. L'étoile primaire est une sous-géante de la séquence principale appartenant à la classe spectrale A3 IV, de deux fois la taille du Soleil. Elle a une magnitude apparente de 3,126 et se trouve à 75,1 années-lumière du Soleil.
Pi Herculis
π Herculis est une autre étoile de l'astérisme de la Clef de voûte. C’est la quatrième étoile la plus brillante de la constellation d'Hercule, bien qu'elle ait reçu la lettre grecque Pi, avec une magnitude apparente de +3,16. Elle est dépassée en luminosité par Kornephoros (β Herculis), ζ Herculis et Sarin (δ Herculis).
Pi Herculis est une géante lumineuse orange - classée parfois comme supergéante - de type spectral K3II et avec une température de surface de 4110 K. Située à 370 années-lumière de la Terre, elle est 1330 fois plus lumineuse que le Soleil. Son rayon est compris entre 55 et 72 fois celui du Soleil (selon les paramètres utilisés pour son calcul).
Pi Herculis est une étoile variable, au sens où sa vitesse relative par rapport à la Terre varie sur une période de 613 jours. Les causes évoquées pourrait être 1) une compagne d'au moins 27 fois la masse de Jupiter située à 3 UA, 2) des pulsations "non radiales" (certaines parties de la surface de l'étoile gonflent tandis que d'autres se contractent), ou 3) la rotation de l'étoile, qui fait que des taches sur sa surface apparaissent puis disparaissent. Une seconde période un peu plus courte (d'environ 90 jours) et de plus faible amplitude renforce l'hypothèse des pulsations non radiales.
Rasalgethi (Ras Algethi) - α Herculis (Alpha Herculis)
Alpha Herculis
α Herculis est une étoile multiple. Elle porte également le nom traditionnel de Rasalgethi ou Ras Algethi (en arabe: رأس الجاثي ra'is al-jāthī «Chef du genou»), la « tête de celui qui s’agenouille ». La «tête» vient du fait que dans l'antiquité, Hercule était représenté à l'envers sur les cartes de la constellation (cf. supra). Le terme al-jaθiyy ou Ras al Djathi de ra est apparu dans le catalogue des étoiles du Calendarium d'Al Achsasi al Mouakket, qui a été traduit en latin par Caput Ingeniculi.
Dans l'astronomie chinoise, Alpha Herculis est appelé 帝 座 (Pinyin: Dìzuò), signifiant `` siège de l'empereur '', cette étoile se marque et se tient seule au centre de l'astérisme du siège de l'empereur, dont le palais, Tianshi, est représenté par un vaste complexe s'étendant de la constellation de l'Ophiuchus au sud à celle d'Hercule au nord. 帝 座 (Dìzuò) a été occidentalisé en Ti Tso.
α Herculis est une étoile triple. Sa composante la plus brillante est l'étoile α Herculis A ou α1 Herculis qui est une géante lumineuse (classe de luminosité II) voire une supergéante (classe de lunimosité Ib) rouge (type spectral M5). Son autre composante est la binaire spectroscopique α Herculis B ou α2 Herculis dont la composante principale est l'étoile α Herculis Ba, une géante (classe de luminosité III) jaune (type spectral G8), et dont la composante secondaire est l'étoile α Herculis Bb, une naine (classe de luminosité V) voire une sous-géante (classe de luminosité IV) blanche (type spectral A9)1.
En outre, il existe deux autres composantes optiques recensées dans les catalogues d'étoiles doubles et multiples, désignées α Herculis C et D6.
Dans un télescope amateur, le système peut être résolu en deux composants. Alpha-1 Herculis a une magnitude apparente de 2,19 et Alpha-2 Herculis, 5,4. Le système est à environ 360 années-lumière de la Terre. Les deux composants sont séparés par plus de 500 unités astronomiques et ont une période orbitale d'environ 3600 ans.
Mu Herculis
μ Herculis est un système stellaire proche à environ 27,1 années-lumière de la Terre. Son étoile principale, Mu Herculis A est assez similaire au Soleil bien que plus évoluée avec une classification stellaire de G5 IV. Depuis 1943, le spectre de cette étoile sert de point d'ancrage stable. Sa masse est environ 1,1 fois celle du Soleil et elle a commencé à entrer en phase d'inflation.
Dans le catalogue des étoiles du Calendarium d'Al Achsasi Al Mouakket, cette étoile était désignée Marfak Al Jathih Al Aisr, qui a été traduit en latin par Cubitum Sinistrum Ingeniculi, signifiant "le Coude Gauche de l'Agenouillé".
En chinois, il s'agit de 天 市 左 垣 (Tiān Shì Zuǒ Yuán), Le Mur Gauche de l'Enceinte du Marché Céleste, faisant référence à l'astérisme qui représente onze anciens états en Chine, marquant la limite gauche de l'enceinte, constituée de μ Herculis, δ Herculis, λ Herculis, ο Herculis, 112 Herculis, ζ Aquilae, θ1 Serpentis, η Serpentis, ν Ophiuchi, ξ Serpentis et η Ophiuchi. Par conséquent, le nom chinois de μ Herculis lui-même est 天 市 左 垣 三 (Tiān Shì Zuǒ Yuán sān, la troisième étoile du mur gauche de l'enceinte du marché céleste), et représente Jiuhe (九 河, lit. signifiant neuf rivières), peut-être pour Jiujiang, la ville au niveau de la préfecture de Jiangxi, en Chine, qui a littéralement la même signification que Jiuhe. Du nom chinois est dérivé le nom Kew Ho.
Mu Herculis est un système à quatre étoiles. L'étoile la plus brillante est une sous-géante de type G bien étudiée, dont les paramètres ont été précisément déterminés à partir de l'astérosismologie. Son compagnon de faible masse a été résolu en spectroscopie proche infrarouge ; il s'agit d'une naine rouge avec de type spectral M4V et une masse de 0,32 M☉. Cette paire est également connue sous le nom de Mu1 Herculis.
Le composant secondaire, également connu sous le nom de Mu2 Herculis, consiste en une paire d'étoiles qui tournent autour de l'autre avec une période d'environ 43 ans. Mu Herculis A et la paire binaire B-C sont séparés d'environ 35 secondes d'arc. Les étoiles B et C sont séparées l'une de l'autre de 1,385 seconde d'arc et ont une orbite légèrement excentrique (ecc à 0,1796).
@Uwe Dedering
Objets du Ciel Profond
La constellation d'Hercule contient M13, le plus brillant amas globulaire de l'hémisphère nord et M92, un autre amas globulaire ainsi qu'Abell 39 une nébuleuse planétaire et Abell 2151, un amas de galaxies.
NGC 6229, un amas globulaire plus sombre, d'une magnitude de 9,4, c'est le troisième amas globulaire le plus brillant de la constellation. À 100 000 années-lumière de la Terre, il s'agit d'un amas de Shapley de classe IV, ce qui signifie qu'il est assez riche au centre et assez concentré au noyau.
NGC 6210 est une nébuleuse planétaire de 9ème magnitude, à 4000 années-lumière de la Terre visible sous forme de disque elliptique bleu-vert
Le Grand Mur d'Hercule-Couronne boréale ou Grand Mur d'Hercule et de la Couronne boréale (Her–CrB GW pour Hercules-Corona Borealis Great Wall) est un immense filament galactique situé dans les constellations d'Hercule et de la Couronne boréale. S'étendant sur plus de 10 milliards d'années-lumière, c'est la plus grande et la plus massive structure connue de l'univers observable.
Ce grand mur a été découvert en novembre 2015 à partir d'une cartographie de sursauts gamma réalisée à l'aide d'observations des télescopes SWIFT et GLAST.
Roger Sinnott & Rick Fienberg, Sky and Telescopes