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M37 (NGC 2099 = GC 1295 = JH 369) est un amas ouvert de magnitude 5.6 (visible à l’œil nu) situé dans la constellation du Cocher. Il a été découvert indépendamment par l'astronome sicilien Giovanni Battista Hodierna en 1654 et par Charles Messier 10 ans plus tard.

 

Per Dreyer le décrit comme un "amas, riche, plus compact au centre, avec des étoiles petites et grandes ».

M37 est situé à environ 1 383 pc (∼4 510 a.l.) du système solaire et les estimations récentes lui donnent un âge d'environ 500 millions d'années. La taille apparente de l'amas est de 15,0 minutes d'arc, ce qui, compte tenu de la distance, donne une taille réelle maximale d'environ 19,7 années-lumière.

Exploration de l'activité chromosphérique des étoiles de faible masse 

NGC 2099 aka m37

M37 est un amas de type de type II1r selon la classification des amas ouverts de Robert Trumpler.

Cet amas renferme en effet plus de 100 étoiles (lettre r), dont la concentration est moyenne (II) et dont les magnitudes se répartissent sur un petit intervalle (le chiffre 1).  Cette classification est assez ancienne et de nombreux amas contiennent en réalité passablement plus d'étoiles que le nombre estimé par Trumpler.

Robert Trumpler était un astronome Suisse-américain ayant noté le premier que la luminosité des amas globulaires les plus distants était plus faible qu'escompté, et que les étoiles apparaissaient plus rouges (phénomène d'extinction interstellaire, mis en évidence en 1930).

Les amas globulaires ayant servi à estimer la taille de la Voie lactée, ce résultat conduisit à une réduction de sa taille de près de 40 %.

Sur les 300 études référencées où M37 apparaît, je n'ai lu que l’une des dernières. Il s’agit d’une étude spectroscopique visant à caractériser l’activité chromosphérique des étoiles de faible masse de l’amas, mesurée par leur émission en Hα.

Explorer cette activité  s'explique par la relation (assez empirique) entre l'âge, la période de rotation et l'activité magnétique des étoiles. Dux des traceurs d’activité stellaire couramment utilisés sont le flux de rayons X, qui provient de la couronne des étoiles de type tardif, et l’émission Hα, qui trouve son origine dans la chromosphère.

 

En raison de leurs mécanismes de réchauffement liés, il est attendu une corrélation entre les émissions de rayons X et les émission Hα dans les étoiles magnétiquement actives.

 

Mais du fait de ce caractère empirique, disposer de données observationnelles provenant de populations d'étoiles homogènes et contemporaines (comme on peut les observer au sein des amas ouverts) prend toute son importance.

Honnêtement le texte est touffu. Mais intéressant. Car la relation "rotation - activité coronale" (et donc chromosphérique) est considérée comme une approximation de la dynamo stellaire sous-jacente responsable de l'activité magnétique des étoiles de type "solaires" et tardif. Or qui dit activité magnétique, dit impact sur le cortège planétaire de ces étoiles.  Qui dit planètes, dit exploration de leur "habitabilité potentienlle"...

Je ne développerais pas ce point de l’article où les auteurs expliquent qu'il est intéressant de chercher une relation entre l’âge, la rotation et l’activité (ie ARAR pour Age–Rotation–Activity Relation) des étoiles de faible masse, mais cette relation indique qu'il est plus probable que des planètes ressemblant à la Terre soient découvertes dans les zones habitables d’étoiles "dispersées", anciennes et de faible masse (et - pour le moment - situées dans notre banlieue galactique proche, étant données les limites techniques de l'instrumentation actuelle).

Quoi qu'il en soit, pour mieux appréhender l'« environnement » de ces étoiles en terme d’exposition aux rayonnements (que l’on pourrait aussi qualifier « d’irradiation »), il est nécessaire de disposer d'une ARAR robuste pouvant leur être appliqué.

 

Et une fois cette ARAR connue, cad si la dépendance de la période de rotation au flux de rayon X et à l'émission Hα est connue, une mesure de ces deux paramètres pourra être utilisée pour déterminer l’âge précis de l'étoile mais aussi d'étoiles de champ isolées.

Ce qui revient indirectement à déterminer leur « habitabilité potentielle » (les scientifiques sont d’éternels optimistes).

Cette relation a été étudié en détail pour les étoiles partiellement convectives et plus récemment pour les étoiles convectives, censées fonctionner en "dynamo d’interface".

Sans rentrer dans trop de détails, cette étude nous permet d'intrduire une notion de mécanique des fluides,

le nombre de Rossby (Ro)

Le nombre de Rossby tient son nom de Carl-Gustaf Rossby, un météorologiste suédois. Il s'agit d'un nombre sans dimension qui représente le rapport entre les forces d'inertie et les forces dues à la rotation qui caractérisent le mouvement d'un fluide dans un repère tournant.

On fait ainsi la différence entre un écoulement à fort nombre de Rossby ou un écoulement à faible nombre de Rossby.

En géophysique, par exemple, si le nombre de Rossby est très supérieur à l'unité (=1), alors les forces de Coriolis sont négligeables devant l'inertie de l'écoulement (exemples : une conduite d'eau, une rivière, un torrent). Dans le cas contraire d'un nombre de Rossby très inférieur à 1, les forces de Coriolis dominent le mouvement du fluide (exemples : la circulation océanique globale, les perturbations atmosphériques). 

On conçoit ainsi intuitivement assez bien que les écoulements influencés par la rotation terrestre soient plutôt des écoulements se produisant à des échelles importantes.

En astrophysique, on retrouve Ro dans les mesures de la pente des lois de puissance de la relation entre le nombre de Rossby (rapport entre la période de rotation et le temps de rotation convectif) et la luminosité fractionnelle des rayons X, lois de puissance importantes dans la compréhension de ces dynamos magnétiques stellaires des étoiles à convection (totale ou partielle).

 

Pour en revenir à l'activité chromosphérique , il faut aussi prendre en considération les données observationnelles selon lesquelles les étoiles de type tardif (ie les types spectraux K, M, S ou C de la séquence principale) ont une vitesse de rotation et une intensité du champ magnétique qui diminuent avec le temps.

Cette diminution résulterait d'une boucle de rétroaction dans laquelle les vents enlèveraient du moment cinétique de l'étoile, freinant sa rotation et diminuant le cisaillement entre les zones radiative et convective internes, responsables de la génération du champ magnétique. Le champ magnétique plus faible résultant produisant alors des vents plus faibles, ceux-ci continueraient à faire ralentir l'étoile et à affaiblir davantage son champ magnétique, mais à un rythme moindre.

 

Pour en revenir à nos moutons, avec ses plus de 400 membres dont la période de rotation est connue et ses plus de 270 membres dont les mesures de flux du rayonnement X sont connues, M37 est donc le meilleur "laboratoire" pour évaluer ces modèles empiriques que nous évoquions ci-dessus, et d'ailleurs, au moment de la publication de l'article, il n’existait pas d’autre base de données observationnelles comparable pour une population stellaire de cet âge et de cette taille au sein d'un amas plus ancien (autre que les Pléiades, d'un âge estimé à 112 millions d'années).

Que retenir de cette étude ? Les auteurs y concluent que 1) l'activité chromosphérique décroissait beaucoup plus lentement que l'activité coronale avec l’augmentation de Ro et 2) que le Ro de leur indicateur d’activité chromosphérique était plus petit que le Ro de leur indicateur d'activité coronal, ce qu’ils ont interprété comme une preuve possible d’un "stripping coronal", probablement dû à la fois aux forces centrifuges et à la fois à un déséquilibre entre l’équilibre de pression magnétique et plasmatique.

Velu, ce papier, vraiment…

Sources :

 

Chromospheric and coronal activity in the 500 myr old open cluster M37 : evidence for coronal stripping ? A. Núñez, M. A. Agüeros, K. R. Covey  & Mercedes Lopez-Morales. The Astrophysical Journal, 834:176 (10pp), 2017 January 10.

Page initialement rédigée le 23/01/2019

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